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Maree Clarke : Rituel et Cérémonie
Du 10 octobre 2022 au 17 mars 2023
« Ce travail représente les pratiques de deuil de personnes aborigènes le long des rivières Murray-Darling. Il parle de la perte des terres, des langues et des pratiques culturelles. Ces 84 personnes ont pu partager leurs histoires de perte, de chagrin et de deuil. » – MAREE CLARKE
Maree Clarke vit à Melbourne, en Australie, depuis de nombreuses années, où elle contribue grandement à la communauté artistique locale. Elle est née à Swan Hill, dans le nord-ouest de l’Etat du Victoria, et est liée aux terres traditionnelles des peuples Mutti Mutti, Wamba Wamba, Yorta Yorta et Boonwurrung.
Une grande partie de l'œuvre de Maree Clarke est réalisée à partir de, et sur, la mémoire, qu'il s'agisse d'une mémoire personnelle, comme celle de dormir enfant dans une valise sur les rives de la rivière Murrumbidgee ou de grandir et de se rendre dans la maison de sa grand-mère, ou d'une mémoire culturelle inscrite dans le paysage, écrite sur le Pays. Les souvenirs ancestraux se répercutent à travers le temps : on les trouve dans les objets ancestraux et dans les nouvelles expressions des anciens savoir-faire. Ces souvenirs forgent et renforcent les liens qui sont au cœur de l'œuvre de Maree Clarke.
Tout au long de sa carrière, Maree Clarke a développé une pratique pluridisciplinaire profonde et contemplative qui revendique et célèbre continuellement les rituels, la langue et l'art traditionnels aborigènes. Ce corpus d'œuvres phares, Rituel et cérémonie, 2012, comprend 84 portraits nommés d'hommes et de femmes aborigènes du Victoria. L’artiste utilise cette série photographique pour parler ouvertement de la présence physique des peuples aborigènes dans le sud-est de l’Australie, en nommant des individus comme antidote à l'absence de noms de créateurs aborigènes dans les collections historiques.
Maree Clarke pousse les visiteurs à réfléchir à l'héritage de l'effacement qui a été perpétué par les institutions constituant des collections. Elle utilise de l'ocre blanc peint sur le visage et les cheveux de 38 femmes, et sur les yeux et les tee-shirts de 46 hommes, pour représenter les coiffes et peintures corporelles cérémonielles des veuves, ainsi que les scarifications, pour honorer ce qui a été perdu.
Les 84 photographies qui composent Rituel et cérémonie sont accompagnées d'une sélection de « kopi » (casques crâniens) provenant des personnes figurant sur les portraits. Les kopi étaient traditionnellement fabriqués à partir de gypse (une substance souple ressemblant à de la craie) et d'ocre. Ils étaient portés par les femmes sur la tête pendant de longues périodes, faisant partie intégrante des rites de deuil, avant d'être déposés sur la tombe du défunt. Maree Clarke s'étend sur les anciennes cérémonies de deuil, utilisant son art pour faire simultanément revivre et réfléchir à la perte des pratiques rituelles aborigènes contemporaines de deuil dans le Victoria et le sud-est de l’Australie.